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Bafouille
UFO academy...
(Posté sur le forum Ultrafondus)
Plus qu'une vingtaine de 1000 mètres et j'en aurai fini d'un an de préparation pour mon 1er 24 heures. Cette dernière séance de 100x1000m me parait interminable. Ce n'est pas tant l'allure que me pose problème (2'50/1000 une rigolade !) mais bien la récupération 20 secondes trottées. A chaque fois, je dois réduire mon allure pour ne parcourir que 100 mètres.
Lorsqu'il y a un an de cela, je suis sorti grand vainqueur du jeu télévisé « UFO Academy », jamais je n'aurais pensé en être là aujourd'hui. Devenu l'idole de tout un pays, je vais donner ma dernière représentation au Stade de France... Pensez donc ! 24 heures de show et du chaud bouillant ! 24 heures en direct à la télé.
Pour autant, je n'ai pas négligé ma vie d'avant. J'avais eu vent de quelques articles stigmatisant le repris sur soi des coureurs. L'émission « C'est mon choix » y avait même consacré une poignée d'émissions passionnantes. Non, j'ai simplement appris à dormir 1 heure par jour par périodes de 15 minutes. Mes 500 bornes d'entraînement hebdomadaires se faisaient la nuit sous les caméras de l'UFO Academy et comme il se doit, avec mes « body guards ». La journée était ainsi consacrée à mes vies professionnelle, familiale, amoureuse, sociale.. Bref, on va voir ce qu'on va voir !
Midi.
La foule se presse autour du Stade de France. Comme toujours, l'UFO Academy a orchestré quelques surprises dont je dois feindre d'ignorer l'existence. Nelson Monfort se rue sur moi. Ma surprise est de taille :
- Magic Iron Toum's, how do you feel for this wooOOOOoonderfuuuul race ?
- ..??
- Et oui, à la question "Comment vous sentez vous aujourd'hui ? Quelles sont vos ambitions ? Quels sont vos projets à plus long terme ? », notre diva nationale a répondu qu'il espérait dépasser les 500 kms et que si tout va bien.. BlaBlaBla.
Je n'écoute pas la fin et je file m'échauffer.
13 :00
Me voilà dans les starting-blocks en compagnie des sept sparing partners engagés par L'UFO Academy. La foule en délire hurle, scande mon nom « Magic ! Magic ! Magic ! ». Aux premiers rangs des adolescentes s'évanouissent façon petites anglaises pendant un concert des Beatles. En haut de la tribune Nord, des barbus gaulois entonnent en braillant des chansons paillardes en mon honneur. Ils revisitent à leur façon « Point de Vue, Images du Monde » et prouvent une nouvelle fois que la bière judicieusement consommée est source d'inspiration, et rend accessoirement les têtes couronnées plus amusantes et pittoresques. Vivent le Duc de Bordeaux et la Reine d'Espagne !
« A vos marques » Le starter a une voix chantante. Je blêmis en reconnaissant un des barbus imbibés. Il est jovial ce qui ne gâche rien mais il est distrait. Le coup de feu retentit mais la maladresse du starter amateur cloue sur place un concurrent malchanceux.
Pas le temps de s'en occuper. Je prends la foulée d'un petit américain musculeux. Notre passage en 10'' au 100m me fait comprendre que l'UFO Academy a fait les choses en grand. Au 400m, le présomptueux s'arrête en sanglote : « I cannot move, I cannot move ». Le public siffle et le stade se transforme en chaudron.
14:00 et 25 kms de courus.
Je suis un poil en avance sur le tableau de marche. Mes valeureux adversaires ont déjà tous stoppé. Qu'importe je fais le spectacle. Ma vitesse en ligne droite est fulgurante et les moustiques se collent sur mes lunettes rendant la prise de corde hasardeuse en virage. Je me place au 2eme couloir et m'arrête sur la ligne d'arrivée où, sous les caméras et les brava du public, mon équipe nettoie mes verres façon pare-brise aux 24 heures du Mans.
15:00 et 50 kms.
J'ai un petit creux. Mousline est partenaire de l'événement. Arrêt au stand. Pour être plus rapide, je vide le sachet de purée en poudre directement dans ma bouche. Je repars un bidon de lait à la main. En sortie de virage, le lait est bu. La force centrifuge a suffi pour touiller la purée directement dans mon estomac.
17:05 et 100kms.
J'ai du ralentir un peu l'allure et les arrêts ont été nombreux. La force centrifuge si utile pour la purée déforme mon visage un peu plus à chaque tour. Mes pieds glissent, je ne ressemble plus à rien. Mon short qui flotte en drapeau un bon mètre en arrière achève le tableau. C'est plus très vendeur et les producteurs de télé m'imposent de porter une combinaison anti-G et des chaussures à pointes. L'efficacité va être de retour.
18:00 et 130kms.
L'efficacité est tellement là que je suis en avance sur le tableau de marche. Il est donc décidé que je devrais passer la rivière de steeple à chaque tour. En vue de la soirée, ma combinaison a été changé pour un petit ensemble plus mode et beaucoup plus chic. L'heure de l'apéritif approchant, les barbus vociférants entonnent une version personnelle de la Pitchouri. Une banda landaise leur cloue le bec et lance un Paquito Chocalatero qui trouve parmi le public parisien grand écho. Le rameur du doryphore est partout. J'en profite pour me ravitailler. Une quille de rouge et quelques tricandilles grillées plus tard, je repars en courant les bras à l'horizontale façon avion. J'aurais du prendre des tripes ou des fritons. L'effet est fulgurant ! L'avion est à réaction. Ma démarche moins naturelle semble vriller mon pantalon. Retour au paddock. Ma prestation devient pitoyable.
19:00 et 150kms.
Ca devient dur et donc télégénique. Je dois passer en direct au JT. J'ai malheureusement quelques tours d'avance peu propices au suspens. On m'impose 10 tours en sens inverse histoire de recaler sur les espoirs de la TV. On me décompte donc 4 kilomètres. Je crois rêver !
20:00 et 30 000 de téléspectateurs.
Claire Chazal m'annonce que toutes les heures, le public peut voter par téléphone ou envoyer un SMS. Je suis effondré ! Ai-je vendu mon âme au diable ?? L'autre idole nationale, Johnny, doit venir au stade histoire d'animer la soirée.
21:00 et le concert a commencé.
L'idole rappelle aux gens de voter pour que je continue. Dans sa grande bonté, il annonce qu'il m'offre une fortune pour échanger mes hanches contre ses prothèses. Je proteste. Om me prévient que ce n'est pas télévisuellement correct.
22:00 et 51% des voix pour que je continue.
Tout barre en vrille. Johnny a une extinction de voix. Il fait donc du play-back sur les cuivres landais. TF1 finit par m'apprendre que je vais arrêter à 23 :00. Le public l'a voulu. Je critique pas le côté farce mais question fair-play, y'aurait quant même à redire. Je n'aurais couru « que » 230 kms.
6:30 un bip de réveil.
Je suis épuisé et en nage. Le cauchemar de la nuit m'a épuisé. Je me lève d'un bond en me souvenant que j'ai 3 mois de travail en retard sur mon bureau et que je dois rentrer pas trop tard pour m'occuper de mes enfants. On a une sortie en amoureux prévue en soirée et ce week-end, c'est la féria de Dax. Je n'ai aucune envie de courir.
Colomiers, octobre 2003
Vincent
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Courir : v. i. (lat. currere) Aller rapidement : l'autruche court tès vite. | Se mouvoir rapidement, parcourir : un frisson lui courut sur tout le corps.
Jubilation : n. f. Fam. Joie vive et expansive : avoir un air de jubilation.
Contemplation : n.f. Action de contempler : la contemplation des astres. | Concentration de l'esprit sur des sujets intellectuels ou religieux ; médiatation.
Autrement : adv. D'une façon différente : il parle autrement qu'il ne pense.
(Extraits du "PETIT LAROUSSE illustré", 1977.)
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