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Bafouille

E pericoloso sporgersi ...

(Posté sur le forum Ultrafondus)

Souvenez vous ! Nous nous étions quittés sur mon triomphe national à l'UFO Academy. Un triomphe devenu plus que continental, une standing ovation planétaire si bien orchestrée par notre chère télévision. L'esprit UFO quelque peu dévoyé commençait à se répandre et pourtant, pourtant le pire était à venir.
2060 ou presque, nous voilà en 2060. Après demain en tous cas ! La France minée par les scandales politiques a vu les derniers scrutins électoraux dominés par les votes blancs. 98% de votes blancs, un pourcentage digne des plus fameuses républiques bananières. Des hommes et des femmes ont réagi et Nicolas III le petit fils de Sarkozy s'est auto-proclamé « Star de France ». Eh oui, que voulez vous, Tsar Nicolas, ça sonnait bien mais Star Nicolas, ça sonne mieux pour les autorités télévisuelles qui font et défont actualité, pluie et beau temps.
L'Ultra Fond lancé par l'UFO Academy en début de millénaire est devenu ultra populaire. Pour surfer sur ce succès médiatiquement prometteur, la Star Nicolas III a décrété l'Ultra sport national, cause nationale et priorité nationale. Les saisons de l'UFO Academy scotchent les gens devant leurs murs plasma TV vingt heures par jour. Une vraie religion. Mais le jeu a évolué et le Star Nicolas III sur les conseils de son grand père a proposé que les votes par SMS soient remplacés par une simple dénonciation au « 17 ». Le candidat ainsi nominé est sur le champs la cible des tireurs d'élite de la police de compétition qui visent au gré du nombre d'appels reçus un pied, une cheville, un genou.  

Même le Vatican s'est converti, un comble ! Suite aux injonctions du Star Nicolas III, le petit fils de Jean-Paul II a été remplacé par un octogénaire à virgule, Phil Good fondateur de l'UFO mouvement et grand ordonnateur de l'UFO folie ambiante. L'atmosphère est alors délirante. Les églises sont devenues d'improbables salles de sport où les prie-dieu ont été remplacés par des tapis roulants sur lesquels les fidèles suent leur foi en alignant les kilomètres par dizaines. Les missels ont fait place à des recueils de pensées Heubiques et les bigotes sont devenues de véritables gazelles. Partout dans les campagnes, les notables locaux ventripotents vont et viennent de tapis roulants en églises, d'églises en basiliques et de basiliques en cathédrales où des cérémonie collectives de maintien de la VMA sont organisées, façons partouzes géantes, sur d'immenses tapis roulants aussi larges qu'une autoroute et aussi embouteillés qu'une plage varoise un mois d'août du siècle passé. Parfois nos fondus ventrus vont et viennent au bras de leurs épouses embagousées de bijoux Polar en s'extasiant sur les bienfaits de leur pèlerinage en Terre Sainte. Ah, la Terre Sainte ! L'Aveyron autrefois pays de la chair est devenu Terre Sainte de l'Ultra Fond et de ses pratiquants glucosés. Foin d'aligot, plus de Roquefort, c'est maintenant à qui court le plus fort. Le pèlerinage annuel à Millau rassemble des millions de fanatiques qui affluent de par le monde.  Le Pape Phil Good et ses malfaisants conseillers, un Millepattes, un Furet, des Bruno de partout. ont réussi à convertir toute la planète.

Toute ? Non ! Un ex-département français résiste encore et toujours à l'UFO envahisseur. Dans le Gers, il n'est nullement question de glucose synthétique, ni d'eau de source gazeuse, pas plus de tenues ultra près de corps ou de camel back et encore moins d'Ultra sorties mêmes OFF. Ici, tout tranquillement, le temps s'est arrêté. Sur cette terre bénie d'Epicure et Cupidon règnent en maîtres bières à la tireuse, canards gras, caleçons larges et rugby. Ni Ultra, ni Mega rugby, le rugby tout simple, celui de clochers mais de clochers d'avant. De solides gaillards à cou de taureau ripaillent à plein ventre et sont plus portés sur l'hédonisme terrestre que sur l'onanisme ultra pédestre et divin prêché par le Pape Phil Good et ses sbires.
C'en est trop pour ces derniers ! Il leur faut cette terre et coûte que coûte. Le Pape a bien tenté dans le passé d'y envoyer ses espions mais tous y sont restés. Non, non, pas morts mais les sirènes gersoises ont été plus fortes que le glabre Pape Phil. Un espion américain prêté par la CIA a même échoué. Ce dénommé Manix a été envoyé dans la bonne ville de Condom jadis le théâtre d'une superbe épreuve de 100 km. Mais Manix s'est perdu au milieu de Condom sans laisser de traces, c'était à prévoir !
Sur les conseils de ses cardinaux, le Pape Phil demande à deux vicaires zélés et affûtés de courir en terre gersoise dès que possible. VMus (prononcez Vé-Emme-Usse) et Seuillus ne sont pas des enfants de chour. A leur actif, un tour du monde en une étape pour convertir la planète. Un tour du monde par la chaîne himalayenne et tous les désert même le désert affectif. Au moment de leur départ, le Cardinal Bruno auteur des divines pensées Heubiques impose son sbire, Specificus, pour être du voyage. Et le trio se met en marche ou plutôt en course, direction le Gers.

Si le groupe est homogène, VMus n'en fait pas moins souffrir ses petits camarades. Doté de tout petits bras mais de jambes immenses, ce dernier est doté d'une VO2max de 850, dix fois la VO2 des champions cyclistes de l'équipe EPO. Après 3 jours de courses les voici à Toulouse. Les habitants prévenus de leur arrivée leur font fête mais les préviennent. En arrivant dans le Gers, ce sera dur. Notre trio décide donc de se refaire la cerise et attend le dimanche pour faire son entrée discrète en Gascogne. En attendant, ils prennent le frais au bord du Canal du Midi en buvant une boisson glucosée aromatisé à la saucisse et aux fritons, une spécialité du coin.
Le dimanche, ils se remettent en course et traversent les premières collines qui les séparent du Gers. Peu avant Pujaudran, premier bourg local, ils se muent en autochtones. Du moins c'est ce qu'ils pensent. Mais un béret, sur une tenue de course, ici ça ne passe pas inaperçu. Ils entrent dans la ville en début d'après midi, à l'heure du match. De suite un jovial gersois les remarque. « Boudu cong, vous avez vu ce que je vois les gars ? Des poulets maigritiques qui viennent nous faire une petite visite !» Le gars n'est pas méchant, il est juste rustique et la bourrade qu'il colle dans le dos de VMus envoie ce dernier valser directement à la buvette.
« - Et pour ce monsieur, ce sera ?
- Une banane, une tranche de pain complet et une Saint-Yorre, s'il vous plait Madame.
- oh, oh, oh, oh ..»
La dame et les gens autour ne s'arrêtent plus de rire. Une Saint-Yorre ! Une Maïté sortie de sa cuisine de mousquetaires s'approche à son tour.
« Mais mon petit, tu es tout maigre. Il faut que tu manges. Allez file dans la tribune, je t'apporte un petit casse-croûte aux rillettes d'oie et puis un petit verre de Buzet. Allez zou, file et dis à tes copains de venir avec toi. Eh boudu, t'es blanc comme une merde de laitier en plus. »
Et voilà comment notre trio se retrouve assis dans une tribune à regarder le match dominical en mangeant des rillettes et en buvant du rouge. Ouh la la, si sa Sainteté Phil savait ça.

En attendant, le spectacle nouveau pour eux n'est pas déplaisant. Et les gersois qui se sont jurés de les écoeurer en moins de 24 heures chrono n'ont pas fait les choses à moitié. Nos Riri, Fifi et Loulou du Vatican ont été assis à coté de l'Astérix local de notre histoire. Un petit teigneux et malin, un vrai numéro 9. Le voilà qui entreprend nos trois couillons romains.
« - Alors, comme ça, vous venez voir si on est prêts.
- (silence gêné sinon craintif des trois.)
- Bon ben, si vous promettez de venir faire la troisième mi-temps avec nous, nous on veut bien courir avec vous après le match. Avec tous les petits gars qui sont sur le terrain. »
La vue des malabars numérotés qui se meuvent sur le pré réjouit nos envoyés papaux. Bientôt, ils pourront se venger. Sur le coup, Specificus se sent tout revigoré à cette idée. A moins que ceux ne soient les rillettes et le petit rouge. Il aperçoit deux jeunes qui s'échauffent dans un coin, se penche vers son voisin et se laisse aller à la question :
« - Dites moi, cher Monsieur, les deux jeunes là, ils courent pas mal.
- Surtout celui-là !, lui dit l'ex-demi de mêlée en lui montrant le plus grand des deux.
- Et l'autre ?
- Ouais, l'autre aussi, ouais.
- Ils sont d'ici ?
- Surtout celui-là !, lui dit l'ex-demi de mêlée en lui remontrant le plus grand des deux.
- Et l'autre ?
- Ouais, l'autre aussi, ouais.
- Ils sont prometteurs, rugbystiquement parlant ?
- Oups, surtout celui-là !, lui dit l'ex-demi de mêlée en lui reremontrant le plus grand des deux.
- Et l'autre ?
- Ouais, l'autre aussi, ouais.
- Mais attendez, je ne comprends pas. Chaque fois que je vous pose une question, vous répondez « surtout celui là » puis après « l'autre aussi » ! Pourquoi, vous dites cela ?
- C'est que celui-là, c'est mon fils ! lui dit le gersois en lui rereremontrant le plus grand des deux.
- Et l'autre ?
- Ouais, l'autre aussi, ouais. »
Là, le moral de Specificus en a pris un coup ! Le gars s'est foutu de lui, tout le monde a bien ri.

VMus se dévoue pour reprendre le gant. A la fin du match, il descend sur le terrain pour discuter avec les joueurs. Le malheureux s'appuie malencontreusement contre le joug que les joueurs utilisent pour s'entraîner. Ces derniers le remarquent et en un clin d'oil, le pack se lie et se met à pousser. VMus ne fait ni le poids ni la maille et les joueurs n'ont aucun mal à prendre de la vitesse. VMus est ridicule à son tour, le voilà faisant des tours de terrains poussé par huit solides gaillards. Avant d'être émoussés, ils décident de se séparer de leur voyageur. Ils stoppent brutalement leur convoi et retiennent le piédestal glissant de VMus. Ce dernier part en vol plané, passe entre les poteaux et va finir sa course deux champs plus loin au milieu des ruches. Il revient en hurlant de douleur vers ses compagnons, se tortillant comme un vers, le cul plein d'abeilles et les bras trop courts.

Seuillus n'en mène pas large. Le prochain, c'est lui. Pourtant les locaux ont l'air calmes. Etrangement calmes. Et Seuillus ne se méfient pas lorsque les joueurs lui proposent de se rendre à la troisième mi-temps en footing comme promis. A peine ont-ils quitté le stade qu'ils font la tortue. Et là, en bon invité, Seuillus se retrouve au milieu de cette mêlée qui file à 20 km/h vers Lombez, lieu de la troisième mi-temps. Il se sent tenu par le short. Entre les deux gros orteils. à ce détail près que la tenue de notre envoyé du Pape est très très près du corps. Il souffre donc le martyr sur un parcours qui en temps normal aurait été à son pied. Victime de la fameuse TTCH, spécialité locale plus connue sous le nom de Triple Torsion de Couille à la Hussarde, Seuillus ne pipe mot jusqu'à l'arrivée à Lombez. Le bruit de bandas le rassurent sur le fin prochaine de son chemin de croix. 

A son arrivée, il découvre ses deux acolytes en train de festoyer à coup de Jacqueline, la boisson des soirs de fête. N'ayant pas la force de lutter seul face à ces barbares il se laisse lui aussi aller et découvre d'un coup d'un seul, des gens charmants, une nourriture saine et enthousiasmante et des boissons revigorantes. Les jeunes gersoises ne les laissent pas indifférents et malgré leur physique ingrat de coureur de fond, ils s'enfoncent dans une nuit de stupre et de luxure. Au matin, ils se retrouvent émus par leurs découvertes de la nuit. Ils écrivent une grande lettre à leur Pape où ils expliquent en termes choisis que les gersois leur ont changé le bleu du ciel, changé la joie des réveils, la clarté des nuits, le goût de l'eau, le goût de l'autre, la saveur de la vie.
La poste en grève, ils n'ont pas le loisir de poster la missive de repentance. Ils prennent donc leur courage à bras le corps et se remettent en course pour Rome. Exténués, ils prennent le train à la première gare mais toujours anxieux de l'accueil du Pape Phil, ils décident de faire pénitence. Ainsi pendant leur voyage, ils parcourent tous les wagons du train et sur chaque fenêtre, ils gravent de la pointe du Laguiole ramené de leur pèlerinage Millavois cette phrase « E pericoloso sporgersi » ce qui veut dire en italien du Vatican « Il y a un péril colossal à faire du sport dans le Gers ».

Colomiers, 20 janvier 2004

Vincent

 

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